Buried Horses : une histoire particulière

Buried Horses : « Tempest » Beast Records 2012

Toutes les semaines pour préparer notre émission de radio depuis l’arrivée du support bandcamp, je passe un grand nombre d’heures à surveiller  les nouvelles formations qui mettent à disposition leur musique. Je suis attentif à certains tags en particulier, noise rock, no wave, post punk, no wave, swamp et quelques autres. C’est ainsi qu’en février 2011, je suis tombé sur la page des Buried Horses, deux jours seulement après sa mise en ligne. J’ai tout de suite été séduit par leur musique et j’en ai diffusé un extrait dans la foulée. Le groupe nous a alors rapidement contactés pour savoir comment nous avions pu entendre parler d’eux alors qu’ils commençaient à peine à se faire connaître à Melbourne.

Je leur ai répondu que le swamp était considéré ici comme une musique sacrée et que le décès de Rowland S Howard avait provoqué des crises d’hystéries comparables à la disparition de Lady Di. Plus sérieusement, les groupes australiens ont toujours bénéficié en France d’une véritable écoute. Dans les années 80, via les label New Rose, Closer,  les fanzine Nineteen et Abus Dangereux, des formations comme les Saints, New Christs, Hoodoo Gurus ou Died Pretty ont connu un véritable succès public. Ils tournaient plus en France qu’ailleurs à l’époque.

Après ce petit cours sur les relations culturelles franco-australiennes, je leur ai avoué que nous étions surtout très  attentifs à tout ce qui venait d’Australie en matière de noise et de swamp rock et qu’à Rennes, le label Beast Recordsappréciait particulièrement ce style musical et qu’il avait déjà sorti en vinyle les disques des Six Ft Hick et des Spoils. Il me répondit deux mois plus tard que leur disque d’abord mis en ligne en  auto production allait bénéficier d’une sortie sur le label australien des Six Ft Hick, Spooky Records et que ce dernier lui avait vanté les qualités du travail de Seb, le boss de Beast Records.

Musicalement, Buried Horses est assez proche musicalement d’une autre formation australienne, The Drones. Aujourd’hui, le groupe est plus ou moins en sommeil mais il a grandement contribué dans les années 2000, en raison de concerts incendiaires et d’albums somptueux à raviver l’intérêt pour le swamp rock. Plus proches des Bad Seeds et du Gun Club que du Birthday Party, les Drones proposaient un rock’n roll balançant entre ballades funèbres et hymnes incisifs. Le premier album des Buried Horses emprunte les même sentiers mais avec une tonalité particulière. En effet, la musique américaine et le folk rock à la  Neil Young ou  Will Oldham affleure sous leur mélancolie intrinsèque. Un titre comme « Jawbone » est même assez proche de The National. Il ne faudrait pas croire à la lecture de ces quelques lignes que la formation originaire de Melbourne se contente de copier ses références. Il existe bien un ton « Buried Horses », romantique, désabusé et émouvant, porté par un chant incandescent. Le groupe n’en n’est qu’à son premier essai et la qualité de composition est assez impressionnante dans un genre codifié comme le swamp rock. Il nous tarde d’écouter leurs nouveaux enregistrement qui à mon avis s’éloigneront définitivement des rivages explorés par les Drones.

Inévitablement, Buried Horses a fini par sortir la version vinyle sur Beast Records. Notre petit battement d’aile radiophonique n’est pas resté vain cette fois-ci. L’objet est magnifique une nouvelle fois chez Beast. Le son est supérieur à la version CD qui comporte par ailleurs deux titres supplémentaires mais que l’on ne regrette pas une seule seconde en mode LP. Premièrement c’était les deux titres les moins réussis du disque et deuxièmement, la cohérence de ces huit plages est indéniable.

Le groupe a décidé de venir en France donner quelques concerts durant le mois de septembre et il passera à Rennes le mercredi 19 Septembre à La Bascule. Nos contacts australiens nous ont toujours dit du plus grand bien de leurs prestations scéniques et les échos de leur première date parisienne ont été tout simplement dithyrambiques.

Si vous appréciez le Gun Club, les Bad Seeds, ou The National, n’hésitez pas  une seule seconde à aller les voir en concert.

DL.

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